Prenons date. Et prenez garde…

Prenons date M. le ministre de la santé Olivier Veran, prenons date car si vous n’êtes pas parvenu à vacciner d’ici mi-janvier la totalité des résidents d’EHPAD qui ne s’y opposent pas, alors on saura clairement que la plupart des décès et hospitalisations pour COVID des résidents d’EHPAD qui surviendront APRÈS la mi-janvier seront essentiellement le résultat de votre incapacité à organiser À L’AVANCE (le Royaume-Uni et l’Allemagne pour ne citer qu’eux, ont me semble-t’il commencé à tout mettre en place DÈS NOVEMBRE…) la campagne de vaccination. Prenons date, car si cela par malheur arrivait, vous deviendriez RESPONSABLE ET COUPABLE de toutes ces éventuelles hospitalisations et tous ces décès qui auraient pu être évités.


Prenons date M. le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, car si votre choix de ne pas repousser d’au moins 1 ou 2 semaine(s) la rentrée scolaire du 4 janvier, le temps d’évaluer la situation épidémique post-vacance, si votre décision devait par malheur déclencher ou accélérer la 3e vague (ou pire encore, la 1e vague du nouveau variant anglais!), alors vous seriez en bonne part RESPONSABLE ET COUPABLE des hospitalisation et des morts de cette vague qui interviendraient à partir de mi-janvier. J’espère me tromper, et si c’est le cas je le reconnaîtrai, car si c’est l’essence de l’esprit scientifique de faire des hypothèses et d’en déduire des prévisions, il en fait aussi partie de reconnaître ces erreurs, puis de rectifier le modèle selon la réalité des observations.


Mais prenons date, et prenez garde, Mmes et MM. les ministres, M. Castex 1er d’entre eux, et M. le président E. Macron, car si par malheur je ne me trompe pas dans mes craintes, alors il serait définitivement établi que vous êtes RESPONSABLES ET COUPABLES de ne pas avoir su protéger les citoyens aussi bien que vous l’auriez pu. Prenons date et prenez garde, car si ce malheur arrivait, vous auriez alors irréfutablement démontré votre INCAPACITÉ à gouverner, et PERDU TOUTE LÉGITIMITÉ à continuer à le faire… C’est un des + importants devoirs pour les gouvernants que d’ANTICIPER, de chercher à prévoir, d’étudier les différents scenarii les plus plausibles, afin de décider le + possible en bonne connaissance de causes les actions à mener, et de les préparer suffisamment à l’avance pour ne pas perdre de temps. Et il devrait aussi faire partie de ce devoir de reconnaître quand on n’a pas fait le meilleur choix, et de prendre en compte la réalité des faits pour modifier en conséquence son plan d’actions (tout comme le scientifique modifie son modèle). Tout le monde peut comprendre et accepter que (comme malheureusement la plupart des gouvernants) vous ayez été un peu pris au dépourvu par la 1ère vague (même si les dégâts auraient été bien moindres si vous aviez juste pris la peine de suivre dès janvier le plan pandémie pré-existant qui avait été établi suite à la menace précédente H1N1…). Mais si après avoir déjà échoué à limiter la 2e vague, faute d’avoir pris dès septembre les mesures nécessaires, si maintenant par malheur vous échouiez AUSSI à limiter les effets de la 3e vague, alors que le vaccin était disponible dès fin décembre et que l’expérience mondiale accumulée des 2 premières vagues permet d’assez bien savoir comment s’y prendre (notamment port systématique du masque en intérieur, et SUPPRIMER TOUS REPAS EN COMMUN, en particulier en collectivité [donc pas de cantines au travail, et surtout pas de cantine dans les établissements scolaires !!]. Si par malheur donc, vous échouiez cette 3e fois pour laquelle vous aviez pourtant les connaissances et moyens de la juguler, si pire encore cette 3e vague répandait en France le variant anglais (qui apparemment hospitalise beaucoup + d’adultes jeunes et en bonne santé et même d’enfants et adolescents), alors naturellement une immense colère citoyenne totalement légitime pourrait bien se lever, et vous balayer…
Prenons date, donc, et prenez garde.

Retraites : pourquoi et comment remplacer les cotisations employeurs par une « CSG entreprises »

Autant il n’y a aucune nécessité urgente de chambouler totalement notre système de retraites, autant il semble indispensable pour sa survie à long terme de DECOUPLER DE LA MASSE SALARIALE LA PART ENTREPRISE DES COTISATIONS.

En effet, les évolutions technologiques (digitalisation, automatisation, robotisation) vont très probablement réduire le besoin de travail humain dans les 20 prochaines années. Ce qui implique que *la masse salariale totale va probablement DIMINUER*. Par conséquent pour maintenir un niveau constant de financement des retraites par répartition, il faudra soit augmenter indéfiniment les taux de cotisations salariales et employeurs, SOIT AU MINIMUM COMPLéTER CES COTISATIONS PAR UNE CONTRIBUTION DES ENTREPRISES *AUTRE QUE LES COTISATIONS RETRAITES SUR LES SALAIRES*.

Dans le monde du 21e siècle où une part croissante des revenus des entreprises est créée grâce aux robots et aux programmes informatiques, et avec peu de salariés, LE FINANCEMENT DE NOTRE PROTECTION SOCIALE DOIT IMPéRATIVEMENT ETRE ASSURé AU MOINS EN PARTIE PAR UNE SOURCE QUI NE DéPENDE QUE DU PIB, et pas uniquement du nombre d’actifs ayant un emploi. La CSG, qui fait contribuer tous les revenus Y COMPRIS FINANCIERS est un bon exemple de ce type de financement, *du côté des individus*. Basculer la totalité des cotisations sociales salariales vers la CSG est un bon moyen de rendre du pouvoir d’achat aux salariés en faisant porter le financement aussi sur les revenus non-salariaux. Ce serait aussi un moyen de rendre le système beaucoup plus résilient à l’éventualité d’une économie largement automatisée (et donc avec peu de salariés). Il semblerait donc souhaitable de créer quelque chose d’équivalent aussi pour les contributions des *entreprises* à la protection sociale : UNE SORTE DE « CSG ENTREPRISE » QUI SERAIT JUSTE UN FAIBLE POURCENTAGE DU CHIFFRE D’AFFAIRE (comme la « taxe GAFA » récemment mise en place).

Le basculement (total ou partiel) de la part employeur des cotisations sociales vers cette « CSG ENTREPRISES » aurait en prime l’intérêt évident de RéDUIRE LE COÛT DU TRAVAIL. Et de faire en sorte que les entreprises utilisant très peu de main d’oeuvre contribuent au financement de notre protection sociale au prorata de leur richesse créée, alors qu’actuellement une entreprise qui n’aurait que des robots ne cotiserait quasiment pas à la Sécurité Sociale ni aux retraites !

Cette nécessité de changer l’assiette de calcul des cotisations sociales pour les entreprises (en la basculant progressivement de la masse salariale vers le chiffre d’affaire) DEVRAIT ÊTRE DISCUTéE dans l’actuelle « CONFéRENCE DE FINANCEMENT DES RETRAITES ». Le gouvernement devrait renoncer à sa volonté de passer, en force contre l’opinion et sans véritable nécessité, à un système à points qui va inéluctablement réduire fortement le montant des pensions pour tous ceux dont les revenus augmentent au cours de leur carrière (c’est-à-dire la plupart des français !) et tous ceux ayant des carrières discontinues (périodes de chômage, maternités, longues maladies). Par contre, il semble indispensable d’entamer sérieusement entre partenaires sociaux et gouvernement des discussions et négociations sur ce NéCESSAIRE changement de paradigme du mode de financement des retraites (et des autres protections sociales), POUR QUE TOUTE L’ECONOMIE PARTICIPE A LA PROTECTION SOCIALE, au lieu que l’effort est actuellement supporté presque entièrement par les entreprises utilisant beaucoup de main d’oeuvre.

Le Revenu Complémentaire Citoyen (~ prime pour l’emploi, ou impôt négatif) comme réponse aux Gilets Jaunes

On le sait depuis déjà longtemps, les ménages les moins aisés des pays riches sont les grands perdants de la mondialisation libérale. Cela se voit très clairement sur le graphique ci-dessous qui présente les gains de revenus sur toute la planète en fonction du niveau de revenu initial : de gauche à droite, on a donc les niveaux de revenus (pauvres à gauches, riches à droite) ; et la hauteur des barres est proportionnelle au pourcentage d’augmentation de revenu entre 1998 et 2008.

Ce graphique montre que si la globalisation libérale a bien globalement amélioré le niveau de vie des populations dans les pays plus pauvres (partie de gauche du diagramme), en revanche dans les pays riches (en gros les 6 barres les + à droite), il est clair que la moitié la moins aisée de la population est la grande perdante, ses revenus ayant totalement stagné, et donc son niveau de vie relatif s’étant effondré. Ces moitiés les moins riches des pays développés sont donc « pris à la gorge » et légitimement révoltés. Ils forment une bonne partie des rangs qui sont venus grossir les « 5 étoiles » en Italie, et maintenant les « gilets jaunes » en France.

LA SEULE REPONSE POSSIBLE A LEUR DETRESSE EST DE CORRIGER CET EFFET PERVERS DE LA GLOBALISATION LIBERALE EN AUGMENTANT *IMMEDIATEMENT* LES REVENUS DE CES MOITIES APPAUVRIES DE NOS PAYS DEVELOPPES.

L’augmentation des salaires semblerait la solution souhaitable logique, mais seules les luttes syndicales peuvent agir en ce sens. Tenter de l’imposer par une forte augmentation du salaire minimum (SMIC en France) provoquerait malheureusement en retour, compte tenu du libéralisme globalisé actuel, la baisse de compétitivité de notre économie, laquelle entrainerait la diminution du revenu total disponible, qui annulerait rapidement l’augmentation des salaires.

Le pari de Macron est de parvenir à augmenter le PIB de la France en « libéralisant » + notre économie pour la rendre + concurrentielle. Cette approche a deux inconvénients majeurs : 1/ cela ne peut produire d’effet que dans au moins 1 ou 2 ans, donc aucun espoir d’amélioration rapide du niveau de vie des travailleurs pauvres et des exclus ; 2/ en libéralisant encore + notre économie, l’éventuel enrichissement global de la France sera forcément mal réparti, et ne profitera pas à ceux qui en ont le + besoin (on le voit d’ailleurs clairement aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et même en Allemagne, où la situation des « travailleurs pauvres » s’est dégradée ces dernières années).

LA SEULE VERITABLE ISSUE EST D’ASSURER A LA MOITIE LA MOINS AISEE DE NOS PAYS UN *REVENU COMPLEMENTAIRE CITOYEN/SOLIDAIRE*, une sorte d’impôt négatif. Mais il faut financer cela sans augmenter les prélèvements obligatoires (pour ne pas nuire à notre compétitivité), ni creuser la dette. En France, Macron vient d’une part de pérenniser les baisses de charges accordées aux entreprises (CICE), ce qui représente un coût pour le budget de l’Etat de 40 milliards par an, et d’autre part de diminuer la taxation des revenus du capital et instaurant la « flat tax » à 30%, ce qui coûte 10 milliards par an. Il y a donc une possibilité pour Macron d’HONORER SA PROMESSE DU « EN MEME TEMPS », en REPARTISSANT AUTREMENT CES 50 MILLIARDS PAR AN : en réduisant *un peu* les baisses de charge et en augmentant *un peu* le taux de la flat-tax, il doit être possible de DEGAGER *TOUT DE SUITE* AU MOINS 25 MILLIARDS PAR AN, QUI SERAIENT CONSACRES A AUGMENTER LA PRIME POUR L’EMPLOI.
L’idéal serait d’en profiter pour rendre cette prime pour l’emploi + simple et + général, pour qu’elle devienne un « impôt négatif » dont le montant versé serait inversement proportionnel au revenu fiscal par « unité de consommation » (qui est en gros le nombre de personnes du foyer fiscal). SI CES 25 MILLIARDS PAR AN SONT REDISTRIBUES AUX 12 MILLIONS DE FOYERS FISCAUX (sur 36 millions au total) AUX REVENUS LES + FAIBLES, cela permettrait de FOURNIR UN COMPLEMENT DE REVENU POUR CEUX-CI DE 2000€/AN, (soit 170€/mois) *EN MOYENNE* (mais en fait nettement plus pour les plus pauvres, et un montant décroissant linéairement jusque zéro pour les foyers ayant des revenus en haut du premier tiers, ce qui serait un vrai ballon d’oxygène pour tous ces foyers fiscaux qui n’arrivent plus à « joindre les 2 bouts ». Et ceci sans creuser la dette, ni remettre totalement en cause la politique de « compétitivité économique » de Macron (puisque les allègements de charges et baisse de taxation des revenus financiers prévus seraient juste diminués, mais pas abandonnés).

Par la suite, ce « Revenu Complémentaire » (ou impôt négatif, ou prime pour l’emploi, peu importe le nom qu’on lui donne) pourrait par ailleurs servir de point de départ à la simplification de notre maquis d’aides sociales (RSA, Allocations Logement, minimum vieillesse, etc…) qui pourraient être transformés en augmentation du volume de ce mécanisme *automatique et inconditionnel*, et donc ne quasiment plus rien coûter en « frais de gestion » de toutes les paperasses et vérification des éligibilités (contrairement la multitude actuelle de nos rustines d’aides sociales superposées au fil des 30 dernières années, dont la gestion  monopolise inutilement des milliers de postes dans les services publics, au détriment des poste d’enseignants, infirmières, etc…).

Pourquoi il faut instaurer un « Revenu COMPLEMENTAIRE CITOYEN », sous quelle forme, comment le financer, et faut-il une contrepartie

Pourquoi mettre en place une forme de « revenu universel », ou en tout cas de « revenu COMPLEMENTAIRE citoyen », semble être une idée intéressante et même nécessaire ?

Tout d’abord, il est clair que le système actuel d’aides et allocations sociales, construit par ajouts successifs de toutes sortes de dispositifs (RSA, Aide au Logement, ASS, AAH, minimum vieillesse, etc…), est devenu incompréhensible, inefficace (trop de paperasses et de personnel nécessaire pour les gérer) et injuste (on estime que 30% des personnes qui pourraient avoir droit au RSA  ne le touchent pas faute de l’avoir demandé, probablement par ignorance, ou renoncement devant la complexité des procédures administratives). Il semble ABSOLUMENT INDISPENSABLE ET URGENT de remplacer le « mille-feuilles » actuel d’aides sociales par un système simple, compréhensible, et AUTOMATIQUE de façon à éviter à la fois l’injustice de l’exclusion des « non-initiés » et le gaspillage de personnels occupés à des tâches administratives improductives dans les Caisses d’Allocation Familiales et autres administrations.

Par ailleurs, le « filet de sécurité » actuel est insuffisant pour vivre décemment, et présente un énorme « trou » dans ses mailles puisque les 18-25 ans n’ont actuellement pas accès au RSA. Il parait donc très souhaitable de profiter de la remise-à-plat / fusion des minimas sociaux pour unifier, revaloriser et simplifier, en définissant ce « revenu plancher garanti » par adulte (correspondant à ce que Manuel Valls proposait sous le vocable de « revenu décent », et à ce que Benoit Hamon indique comme 1ère étape vers le Revenu Universel) à par exemple ~850€ par mois ET PAR ADULTE (indépendamment de la situation « matrimoniale ») ; il faut en tout cas, pour que l’unification-simplification puisse se faire, que son montant soit au moins égal au + haut des revenus de substitution existant actuellement, qui est a priori le minimum vieillesse (800€/mois). Cette mesure coûterait assez peu, puisque ce « revenu plancher citoyen » remplacerait des aides existantes, et permettrait d’économiser des frais de personnel et d’administration dans les CAF etc ; enfin, le surcoût dû à l’uniformisation du minimum et à l’extension aux 18-25 ans pourrait par exemple être couvert par une légère augmentation des droits de succession, comme proposé par Benoit Hamon. Cette mesure peut ainsi faire l’objet d’un large consensus politique incluant toute la gauche et même une partie du centre-droit et droite « sociale ». Pour ce qui est de sa mise en oeuvre, le + simple serait de s’inspirer du système de la « Prime pour l’Emploi » : le faire sous forme d’un « impôt négatif » qui serait versé à tous les foyers fiscaux n’ayant aucun revenu imposable AVANT DEDUCTIONS (pour éviter de le verser aux personnes riches qui utilisent l’optimisation fiscale pour être non-imposables). Au passage, cela permet d’éviter toute sortes de doublonnements et incohérence/manque de croisement d’informations entre l’administration fiscale et ceux en charge des aides sociales, puisque prélèvements fiscaux et aides sociales seraient alors gérés par un unique service.

Pourquoi est-il indispensable d’aller au-delà de ce simple simple « revenu plancher citoyen » ? Tout d’abord, exactement pour la même raison qu’il a paru nécessaire de rendre le RSA cumulable (dégressivement) avec des revenus du travail, contrairement au RMI : toute mesure sociale incluant un effet de seuil provoque inévitablement un effet pervers consistant à dissuader les bénéficiaires de rechercher ou même accepter un travail à temps partiel ou temporaire peu rémunéré et déclaré. Il est donc INDISPENSABLE de ne pas créer un système où on passerait brusquement de 850€/m si on ne gagne rien à 0€ si on gagne quelque chose ; il faut au contraire créer plutôt un « revenu COMPLEMENTAIRE citoyen (RCC) » (et non plancher ou minimum) dont le montant versé décroisse CONTINUMENT depuis la valeur du revenu plancher (pour une personne n’ayant aucun revenu) jusqu’à 0€ au-delà d’un certain revenu : RCC = 850€ (1 – RevenuImposableAvantDéduction/(NombreAdultes x RevenuIndividuelSuffisant) ). Autrement dit, chaque citoyen aurait droit à un revenu complémentaire d’un montant compris entre 850€/mois (si aucun revenu) et 0€/mois (si revenu > RevenuIndividuelSuffisant), avec calcul automatique par simple « règle de trois » pour les revenus intermédiaires (par exemple, 425€/mois de RCC pour un citoyen gagnant la moitié du « RevenuIndividuelSuffisant », ou 280€/mois pour un adulte gagant (2/3)x RevenuIndividuelSuffisant. En plus d’éviter l’effet « trappe à pauvreté » qu’aurait un revenu_minimum, ce système présente l’avantage de pouvoir être réglé (et si besoin progressivement mis en oeuvre) au final par uniquement 2 paramètres : le RevenuMinimumDécent (*par personne*), et le montant de « RevenuIndividuelSuffisant » à partir duquel le RCC atteint 0€. Si on fixe ce plafond très faut, on obtient à peu près le Revenu Universel (tout le monde reçoit le même montant de RevenuComplémentaire) ; inversement, si on le fixe bas, on obtient à peu près le RevenuMinimumDécent. Personnellement, du moment que l’attribution et le calcul se font automatiquement, il me semble inutilement coûteux (et assez injuste) de verser du RCC y compris aux citoyens gagnant très bien leur vie. Par contre, un objectif raisonnable serait qu’environ toute la moitié la + pauvre (en revenu par adulte) des foyers fiscaux ait droit à au moins un peu de revenu complémentaire, et donc fixer le plafond RevenuIndividuelSuffisant (à partir duquel RCC=0€) égal à environ le revenu médian par adulte (soit ~2000€/mois par adulte).

Une autre raison qui rend souhaitable l’instauration d’un Revenu Complémentaire Citoyen qui serait versé à une large partie de la population (environ la moitié la + pauvre des foyers fiscaux, avec un montant linéairement décroissant selon revenu par adulte) est la probable, ou au moins possible, raréfaction à venir de la quantité de travail humain nécessaire à niveau constant de richesse, compte tenu de l’automatisation informatique croissante, de la montée en puissance des services en-ligne (banques sans agence, boutiques virtuelles sans vendeurs, etc…), et de la probable future robotisation tous azimuth (métros, bus, taxis, camions, etc…, sans conducteur ; hypermarchés « drive-in » automatisés ; chaîne logistique de livraison robotisée quasiment de bout en bout depuis la sortie d’usine jusqu’à la livraison au client, en passant par les centres de préparation des commandes et emballage et centre de distribution). Certes, il est possible que les métiers rendus inutiles soient remplacés, comme lors de toutes les précédentes révolutions industrielles, par de nouveaux métiers qui se créeront, mais : 1/ il risque fort d’y avoir une période transitoire très douloureuse socialement  (dans laquelle nous sommes probablement déjà entrés) entre destruction d’emplois de la vieille économie et création de ces éventuels nouveaux emplois ; 2/ les gains de productivité des révolutions industrielles précédentes ont été partagés entre capital et travail, avec une durée totale de travail par personne cumulée sur toute la vie qui a fortement diminué (week-ends, congés payés, réductions du temps de travail par semaine, introduction de la retraite) : il semble donc INDISPENSABLE que les gains de productivité de la numérisation et de la robotisation se traduisent par une réduction significative du temps de travail annuel et/ou tout au long de la vie ; 2/ la révolution numérique actuelle est de nature différente car portant sur l’information immatérielle et non sur une nouvelle source d’énergie, et se produit dans un contexte où la poursuite de la croissance mondiale devient impossible et non-souhaitable du fait des limites de ressources et des problèmes environnementaux et climatiques : il n’est donc PAS du tout CERTAIN qu’il puisse se créer autant de nouveaux emplois qu’il va en disparaître ; 3/ il suffit de regarder les Etats-Unis où presque 30% de la population active tire maintenant ses revenus d’activités non-salariées précaires et « à la tâche » (type Uber, airBnB, Drivy, TaskRabbit, etc…) pour se rendre compte que la NATURE des nouveaux emplois futurs est très différentes de ceux du 20° siècle : il paraît donc INDISPENSABLE d’adapter nos systèmes de protection sociale à cette probable évolution, en offrant aux citoyens un filet de sécurité permanent, automatique, au moins suffisant pour assurer les besoins fondamentaux, et idéalement permettant de compenser la variabilité probablement inévitable des revenus qui seront tirés d’une bonne parie des futurs emplois.

Enfin, contrairement à l’image que voudraient en donner nombre de politiciens et de journalistes, un revenu universel (ou mieux : un Revenu Complémentaire Citoyen tel que proposé ci-dessus) ne serait PAS forcément une incitation/récompense de la paresse, ni même une résignation à la raréfaction du travail : cette sécurité et complément de ressources garanties et suffisantes pour chaque citoyen pourra donner à chacun la possibilité de prendre plus de risque social, de ne pas hésiter à changer d’emploi et de métier, et même de s’orienter vers l’entrepreneuriat 

En ce qui concerne le financement d’un revenu universel ou d’un Revenu Complémentaire Citoyen, il dépend d’abord du coût du dispositif. Il est clair que si on envisage un revenu uniforme versé à toute la population depuis la naissance, le coût est très élevé : ~65 millions x 850 x 12 ~ 650 milliards/an. Mais personne ne propose cela, et même la version « maximale » proposée comme objectif dans 10 ans par Benoit Hamon se limite aux adultes (>=18ans), ce qui ramène le coût à ~50 millions x 10k€ ~ 500 milliards/an. Mais si le dispositif est bien en REMPLACEMENT de tous les minimas et aides sociaux (RSA, ASS, AAH, minimum_vieillesse, aide au logement, etc…), dont le coût actuel (gestion administrative comprise) est probablement de l’ordre d’au moins 100 milliards par an [à verifier], alors on n’a plus qu’un surcoût de 400 milliards à financer. Mieux encore, si on opte plutôt pour un Revenu COMPLEMENTAIRE décroissant selon revenu, et atteignant 0€ pour le revenu-médian par adulte, alors le nombre de futurs bénéficiaires n’est plus qu’environ la moitié de la population adulte (>18ans), et le montant versé va de 0€ à 850€/mois selon le revenu-par-adulte, soit en première approximation grossière environ 425€/mois EN MOYENNE par adulte bénéficiaire, d’où alors un coût TOTAL de ~ 5k€ (montant moyen RCC) x 25 millions (nombre d’adultes concernés) ~125 milliards seulement, soit probablement à peine plus que le coût actuel de tous les minimas sociaux et aides sociales réunis (gestions administratives comprises) !! 

On voit donc que l’instauration d’un Revenu Complémentaire Citoyen (RCC) garantissant un revenu-plancher par adulte de 850€/mois, et complémentant les revenus de toute la moitié la + pauvre (en revenu par adulte) de la population est TOTALEMENT REALISTE et FINANCABLE SANS HAUSSE D’IMPOTS (besoin de trouver juste 125 milliards MOINS le coût actuel de tous les minimas sociaux et aides sociales réunis, gestion administrative compris). Et qu’en plus de sécuriser financièrement les citoyens les plus modestes, cette mesure pourrait potentiellement permettre les prises de risque et donc dynamiser l’initiative et l’entrepreneuriat. Et enfin, un tel dispositif contribuerait à rendre notre pays résilient à une possible raréfaction future du travail humain, et donc permettrait de cesser d’auto-censurer la modernisation économique de la France : si nous voulons que notre pays ait une place dans l’économie du 21° siècle, il faut investir résolument sur la numérisation et la robotisation de notre pays, sans être retenu par la crainte de supprimer des emplois actuels !

La question d’une éventuelle contrepartie mérite d’être posée, à condition qu’elle soit surtout symbolique, et en aucun cas un « travail dû » en échange du RCC (ce qui poserait potentiellement un problème de « concurrence déloyale » à l’emploi public). Ceci étant posé, rien n’empêche de demander aux citoyens bénéficiant du RCC de s’engager à effectuer une action au service de la collectivité, par exemple au sein d’une association 1901 à but philanthropique ou au sein de leur quartier ou collectivité locale. On pourrait aussi envisager, si était créé au sein des institutions de la République un dispositif de représentation directe des citoyens par tirage au sort, que les bénéficiaires du RCC aient une probabilité un peu plus grande d’être tirés au sort (et donc de devoir consacrer du temps au devoir citoyen correspondant) ; cette dernière éventualité aurait au passage l’avantage de favoriser la représentation au sein des « assemblées citoyennes » des plus pauvres , lesquels sont gravement sous-représentés parmi les élus.

Typologie critique des politiques possibles contre le chômage

Compte tenu des diverses causes principales du chômage (voir analyse dans l’article précédent), les principales politiques envisageables sont les suivantes :

  1. Compétitivité salariale et fiscale (rendre notre économie « compétitive » dans la mondialisation libérale, donc diminuer les coûts salariaux et la fiscalité)
    • 1er problème : pour que cela soit réellement efficace et suffisant, il faudrait réduire les salaires à des niveaux proches de ceux de la Chine ou au moins de l’Europe de l’Est, ce qui serait une régression sociale totalement inacceptable, à moins de mettre en place une compensation significative pour les salariés ;
    • 2ème problème : pour ce qui est d’avoir une attractivité fiscale pour les entreprises, et compte tenu de l’existence de pays concurrents ayant des taux ridiculement bas, il faudrait une baisse massive de l’impôt sur les société ; celle-ci conduirait soit à creuser le déficit et augmenter la dette publique, soit à réduire drastiquement les dépenses publiques au détriment de la qualité des services publiques et infrastructures, soit à compenser par une hausse significative de la TVA payée par les consommateurs ; voire les  trois à la fois. C’est pourtant à peu près cette « potion » ultra-libérale que François Fillon et Les Républicains voudraient imposer à la France 🙁
      En revanche, ce qui pourrait être fait de façon assez indolore et sans conséquence néfaste, serait de réduire sensiblement les coûts complets salariaux en transférant la TOTALITé du financement des systèmes sociaux sur AUTRE CHOSE QUE LA MASSE SALARIALE, par exemple : la CSG pour la part « salariale » (qui avait été pensée dans ce but par Michel Rocard il y a près de 20 ans !) qui permet de répartir le financement sur une assiette beaucoup plus large incluant les revenus financiers et autres revenus non salariaux ; ou encore, pour la part « patronale », le chiffre d’affaire ou la valeur ajoutée, ce qui permettrait de garantir que les entreprises investissant dans l’automatisation et la robotisation du travail continueront à financer la protection sociale même si elles produisent de la richesse avec très peu de travail humain et donc d’emplois.
      Concernant une éventuelle baisse des salaires horaire hors-charge, qui est peu ou prou ce qui s’est fait en Allemagne et au Royaume-Uni et explique pour une bonne part la baisse de leurs taux de chômage, c’est évidemment totalement inacceptable socialement. Au Royaume-Uni cela est d’ailleurs imposé très brutalement par un système d’indemnités chômage ridiculement faibles et courtes, et une quasi-obligation pour les chômeurs d’accepter n’importe quel boulot à n’importe quel prix, sous peine de perdre toute allocation. En Allemagne, dont la compétitivité internationale et les bons résultats économiques sont régulièrement cités en exemple, le coût social de cette réussite est énorme : 12,5 millions de personnes y vivent au-dessous du seuil de pauvreté, soit 16,7% de la population active (ce qui est plus qu’en France), et la société allemande est maintenant clairement « à 2 vitesses », avec plusieurs millions de travailleurs pauvres !
      En France, cela a donc été fait indirectement depuis de nombreuses années par l’ajout successif de toutes sortes de dispositifs de subventionnement des entreprises pour leurs emplois, la dernière en date (CICE) ayant été particulièrement coûteuse et sans grand effet sur les grosses entreprises qui ont plutôt profité de cette manne pour augmenter leurs bénéfices et dividendes versés à leurs actionnaires. En revanche, accroître le subventionnement direct des individus (ce que font les prestations sociales) pourrait rendre acceptable pour tous une réduction des revenus directs du travail, et donc tout ce qui tend à diminuer les salaires pour accroître la compétitivité.
  2. Démondialiser : favoriser activement les relocalisations industrielles en France
    C’est une option attirante, mais qui ne peut guère se faire qu’en rétablissant des droits de douane sur les importations, ce qui semble difficile à mettre en oeuvre en France sans un changement préalable et profond de la politique de l’Union Européenne ; ou bien il faut sortir de l’Union, avec tous les risques que cela implique, et un délai énorme de mise en oeuvre (cf. Brexit)… Sinon, on peut tout au plus subventionner les relocalisations, mais cela a déjà été tenté par le passé avec des résultats mitigés (effet d’aubaine, etc…).
    Il n’en reste pas moins qu’il serait souhaitable de mettre un maximum d’effort pour faire évoluer l’Union Européenne vers un modèle de solidarité autarcique entre pays frères européens (avec un protectionnisme assumé de l’Union, mis en oeuvre par une hausse significative des tarifs douaniers communs sur les importations extra-européennes, et sur le plan symbolique et pour associer les citoyens-consommateurs, la promotion d’un label « Made in European Union »).
  3. Réduire la demande d’emplois. En Allemagne, la proportion de femmes exerçant une activité professionnelle reste très faible (même si elle a augmenté ces dernières années), et cela peut expliquer pour une bonne part leur faible taux de chômage. Mais inciter les femmes à « redevenir femmes au foyer » (projet implicite de ceux qui prônent des politiques « familialistes ») serait un retour en arrière totalement inacceptable par rapport à l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes. Réduire le nombre de travailleurs immigrés (mesure principale mise en avant par le Front National) serait moralement très contestable (s’agissant pour la plupart en France d’étrangers installés depuis de nombreuses années, et intégrés dans notre société), et peu efficace à moins de contraindre les français au chômage à accepter les emplois actuellement occupés majoritairement par nos immigrés, souvent pénibles, mal payés et peu qualifiés par rapport au niveau de formation de beaucoup de chômeurs. En revanche, mettre en place un système de subventionnement social conséquent des individus (type « Prime pour l’Emploi » voire Revenu Citoyen inconditionnel) pourrait permettre de réduire la demande de travail à temps plein et à salaires élevés, puisque les revenus directs du travail deviendraient alors un complément pour améliorer le niveau de vie, plutôt que le moyen de disposer du minimum vital (ce qui rend la relation employeur-salariés totalement asymétrique au profit des entreprises qui peuvent peu ou prou « imposer leurs conditions » aux salariés craignant de perdre leur emploi). Une mesure type « Revenu Citoyen » aurait en plus le gros avantage d’apporter à tous les français une sécurité de revenu les rassurant (la peur et l’inquiétude sont souvent mauvaises conseillères…).  Cette sécurisation sociale rendrait aussi potentiellement acceptable des activités professionnelles moins garanties qu’un CDI (et pour laquelle la demande augmente très fortement et rapidement via les plate-formes numériques « collaboratives » type Uber-pop, airBnB, Drivy, TaskRabbit, etc…). Aux Etats-Unis une proportion de plus importante de la classe moyenne tire ses revenus de ce type d’activité, mais un tel modèle d’accroissement de l’auto-entrepreneuriat ne peut être socialement acceptable en France que s’il est adossé à un socle de revenu garanti suffisant pour vivre, et à une amélioration de la protection sociale pour le statut d’auto-entrepreneur. Enfin, disposer d’un revenu garanti conséquent peut « démocratiser » l’esprit entrepreneurial, en rendant possible au plus grand nombre le risque de création d’entreprise sans pour autant mettre en péril leur moyen de subsistance.

En conclusion, les principales mesures socialement et moralement acceptables qui sembleraient judicieuses en France face au chômage de masse actuel sont donc :

  • Transfert immédiat, pour diminuer le coût horaire du travail, et augmenter les revenus nets des salariés :
    • de la totalité des charges sociales « employeur » actuellement assises sur la masse salariale vers une autre assiette (% de CA ou de valeur ajoutée, par exemple)
    • de la totalité des charges sociales « salarié » vers un autre mode de financement (CSG et/ou impôts)
  • Mise en place progressive d’un « REVENU CITOYEN » individuel automatique, permanent et indexé sur les prix, qui soit suffisant pour vivre décemment (~850€/mois et par personne ?), et donc : 1/ sécuriserait les parcours professionnels (et rendrait socialement acceptable une + grande flexibilité des contrats de travail) ; 2/ diminuerait la demande d’emploi (puisque les personnes aux revenus les + modestes pourraient passer à temps partiel sans diminuer leur niveau de vie) ; 3/ faciliterait l’entrepreneuriat et/ou les activités à revenus variables sous statut d’auto-entrepreneur (lequel devrait néanmoins être amélioré pour garantir couverture santé et revenu de substitution en cas de maladie).

Le chômage de masse : constat et diagnostic des causes

Le chômage de masse, qui se développe en France depuis plus de 30 ans, est un des principaux facteurs déstabilisant notre pays et son modèle social. Il est donc essentiel d’en analyser les diverses causes, en vue d’envisager de possibles remèdes.

Le chômage dans un pays, par définition, est un déséquilibre entre la demande de travail par sa population active, et le nombre d’emplois offerts par son économie qui est trop faible pour satisfaire cette demande.

Un des premiers facteurs à l’origine historique de la diminution des emplois en France et dans les pays développés est lié à la mondialisation de l’économie. La suppression progressive des barrières douanières, et l’exacerbation d’un modèle économique mondial fondé sur la spécialisation et l’interdépendance des économies, a conduit au développement des délocalisations industrielles vers des pays à bas coût de main d’oeuvre, à commencer par la Chine qui est devenue rapidement la multi-usine du Monde. Ceci s’est accompagné de la désindustrialisation massive des pays développés, dont les secteurs secondaires se sont réduits durant les 3 dernières décennies à une portion mineure de leurs PIB. Les défenseurs de cette mondialisation concurrentielle mettent en avant les effets bénéfiques de celle-ci : développement économique et augmentation du niveau de vie dans les pays émergents, et baisse importante des coûts de production des produits manufacturés, qui permet une diminution des prix pour les consommateurs ce qui augmente leur pouvoir d’achat et démocratise les produits. Ces résultats sont indéniables, même si : 1/ d’une part, il s’avère qu’il y a des « perdants » de la mondialisation libérale, qui sont les classes « moyennes_inférieures » des pays riches ; 2/ d’autre part l’intérêt de principe d’une augmentation de la consommation, et surtout son coût environnemental, mériteraient d’être débattus. Mais cela nous écarterait du propos de cet article, qui est la montée du chômage en France et dans les pays développés. De ce point de vue, il est absolument incontestable que les délocalisations dues à la mondialisation économique ont fortement contribué à la diminution des emplois dans le secteur industriel.

Un autre facteur possible d’augmentation du chômage est une croissance économique trop faible par rapport à un accroissement de la population active. Ce dernier peut provenir d’une vitalité démographique (assez marquée en France par comparaison avec la plupart des pays européens), ainsi que de l’accroissement de l’espérance de vie, et de l’augmentation de l’âge de la retraite qu’il a tendance à induire pour maintenir l’équilibre des systèmes de retraite par répartition. Quant à l’insuffisance relative de la croissance économique (notamment en France), on peut distinguer des causes intrinsèques (manque de dynamisme entrepreneurial, et surtout de capacité d’adaptation des entreprises existantes) et une cause plus extrinsèque : attractivité trop faible par rapport à la concurrence des pays voisins dans l’espace économique européen totalement ouvert. Dans le cas de la France, un élément évident de non-compétitivité est le coût apparent du travail, dû essentiellement au mode de financement de notre protection sociale, qui s’appuie presque uniquement sur les charges salariales et patronales. De plus, la confrontation du taux d’imposition sur les sociétés au dumping fiscal intra-européen pose évidemment problème aussi.

Enfin, une autre cause essentielle et mondiale de la diminution du nombre d’emplois, qui devrait de plus aller en s’accélérant, est la révolution numérique de ce début de 21e siècle. L’informatique et surtout l’internet, rendent déjà non-nécessaire une quantité croissante de travail humain du secteur tertiaire (notamment ventes et banques en-ligne remplaçant les commerces et agences bancaires). Et bientôt l’Intelligence Artificielle et la nouvelle Robotique vont permettre d’automatiser de plus en plus de tâches fastidieuses : par exemple, conduite de camions et taxis qui pourront être assurées par des pilotes automatiques, comme le sont déjà les métros de plus en plus de lignes ; mais aussi robotisation croissante de la chaîne logistique avec la préparation robotisée des colis à expédier pour les ventes en-ligne. Même s’il est compréhensible que ces transformations puissent inquiéter certains, il serait vain de tenter de tenter s’y opposer, comme à tous les progrès technologiques qui ont jalonné l’histoire de l’humanité. Il vaut mieux se réjouir de cette libération croissante des humains de tâches plus ou moins pénibles ou sans grand intérêt. Qui songerait par exemple aujourd’hui à regretter le temps où les femmes étaient obligées de passer de longues heures à faire des lessives à la main avant l’invention des lave-linges ? Il est en revanche indispensable de prendre la mesure des conséquences sociales de ces évolutions qui  ont déjà commencé, et d’y adapter rapidement notre économie et surtout notre société. L’histoire de l’économie a été marquée, en particulier au cours des 2 derniers siècles, par des gains croissants de productivité permis par l’inventivité humaine et les innovations technologiques. Et un des enjeux de ce début de 21e siècle est le partage équitable de ce nouvel accroissement de productivité, tout comme les premières révolutions industrielles ont permis de réduire significativement la durée hebdomadaire de travail, et à tous les citoyens de bénéficier de week-ends, de congés payés, et d’une retraite pour leurs vieux jours.

On voit donc que les causes du chômage de masse dans les pays développés, et en France, sont multiples. Il serait absurde et contre-productif de se focaliser sur une seule d’entre elles, et il faut plutôt tenter d’agir simultanément sur la plupart. Et aussi adapter notre modèle social aux mutations actuelles et à venir, probablement en repensant profondément le rapport de notre société au travail humain.

Fabien Moutarde