On le sait depuis déjà longtemps, les ménages les moins aisés des pays riches sont les grands perdants de la mondialisation libérale. Cela se voit très clairement sur le graphique ci-dessous qui présente les gains de revenus sur toute la planète en fonction du niveau de revenu initial : de gauche à droite, on a donc les niveaux de revenus (pauvres à gauches, riches à droite) ; et la hauteur des barres est proportionnelle au pourcentage d’augmentation de revenu entre 1998 et 2008.
Ce graphique montre que si la globalisation libérale a bien globalement amélioré le niveau de vie des populations dans les pays plus pauvres (partie de gauche du diagramme), en revanche dans les pays riches (en gros les 6 barres les + à droite), il est clair que la moitié la moins aisée de la population est la grande perdante, ses revenus ayant totalement stagné, et donc son niveau de vie relatif s’étant effondré. Ces moitiés les moins riches des pays développés sont donc « pris à la gorge » et légitimement révoltés. Ils forment une bonne partie des rangs qui sont venus grossir les « 5 étoiles » en Italie, et maintenant les « gilets jaunes » en France.
LA SEULE REPONSE POSSIBLE A LEUR DETRESSE EST DE CORRIGER CET EFFET PERVERS DE LA GLOBALISATION LIBERALE EN AUGMENTANT *IMMEDIATEMENT* LES REVENUS DE CES MOITIES APPAUVRIES DE NOS PAYS DEVELOPPES.
L’augmentation des salaires semblerait la solution souhaitable logique, mais seules les luttes syndicales peuvent agir en ce sens. Tenter de l’imposer par une forte augmentation du salaire minimum (SMIC en France) provoquerait malheureusement en retour, compte tenu du libéralisme globalisé actuel, la baisse de compétitivité de notre économie, laquelle entrainerait la diminution du revenu total disponible, qui annulerait rapidement l’augmentation des salaires.
Le pari de Macron est de parvenir à augmenter le PIB de la France en « libéralisant » + notre économie pour la rendre + concurrentielle. Cette approche a deux inconvénients majeurs : 1/ cela ne peut produire d’effet que dans au moins 1 ou 2 ans, donc aucun espoir d’amélioration rapide du niveau de vie des travailleurs pauvres et des exclus ; 2/ en libéralisant encore + notre économie, l’éventuel enrichissement global de la France sera forcément mal réparti, et ne profitera pas à ceux qui en ont le + besoin (on le voit d’ailleurs clairement aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et même en Allemagne, où la situation des « travailleurs pauvres » s’est dégradée ces dernières années).
LA SEULE VERITABLE ISSUE EST D’ASSURER A LA MOITIE LA MOINS AISEE DE NOS PAYS UN *REVENU COMPLEMENTAIRE CITOYEN/SOLIDAIRE*, une sorte d’impôt négatif. Mais il faut financer cela sans augmenter les prélèvements obligatoires (pour ne pas nuire à notre compétitivité), ni creuser la dette. En France, Macron vient d’une part de pérenniser les baisses de charges accordées aux entreprises (CICE), ce qui représente un coût pour le budget de l’Etat de 40 milliards par an, et d’autre part de diminuer la taxation des revenus du capital et instaurant la « flat tax » à 30%, ce qui coûte 10 milliards par an. Il y a donc une possibilité pour Macron d’HONORER SA PROMESSE DU « EN MEME TEMPS », en REPARTISSANT AUTREMENT CES 50 MILLIARDS PAR AN : en réduisant *un peu* les baisses de charge et en augmentant *un peu* le taux de la flat-tax, il doit être possible de DEGAGER *TOUT DE SUITE* AU MOINS 25 MILLIARDS PAR AN, QUI SERAIENT CONSACRES A AUGMENTER LA PRIME POUR L’EMPLOI.
L’idéal serait d’en profiter pour rendre cette prime pour l’emploi + simple et + général, pour qu’elle devienne un « impôt négatif » dont le montant versé serait inversement proportionnel au revenu fiscal par « unité de consommation » (qui est en gros le nombre de personnes du foyer fiscal). SI CES 25 MILLIARDS PAR AN SONT REDISTRIBUES AUX 12 MILLIONS DE FOYERS FISCAUX (sur 36 millions au total) AUX REVENUS LES + FAIBLES, cela permettrait de FOURNIR UN COMPLEMENT DE REVENU POUR CEUX-CI DE 2000€/AN, (soit 170€/mois) *EN MOYENNE* (mais en fait nettement plus pour les plus pauvres, et un montant décroissant linéairement jusque zéro pour les foyers ayant des revenus en haut du premier tiers, ce qui serait un vrai ballon d’oxygène pour tous ces foyers fiscaux qui n’arrivent plus à « joindre les 2 bouts ». Et ceci sans creuser la dette, ni remettre totalement en cause la politique de « compétitivité économique » de Macron (puisque les allègements de charges et baisse de taxation des revenus financiers prévus seraient juste diminués, mais pas abandonnés).
Par la suite, ce « Revenu Complémentaire » (ou impôt négatif, ou prime pour l’emploi, peu importe le nom qu’on lui donne) pourrait par ailleurs servir de point de départ à la simplification de notre maquis d’aides sociales (RSA, Allocations Logement, minimum vieillesse, etc…) qui pourraient être transformés en augmentation du volume de ce mécanisme *automatique et inconditionnel*, et donc ne quasiment plus rien coûter en « frais de gestion » de toutes les paperasses et vérification des éligibilités (contrairement la multitude actuelle de nos rustines d’aides sociales superposées au fil des 30 dernières années, dont la gestion monopolise inutilement des milliers de postes dans les services publics, au détriment des poste d’enseignants, infirmières, etc…).